La semaine de pré-rentrée s’achève. Lundi les élèves entreront dans l’école et tout a été fait pour que leur année commence dans les meilleures conditions.
Cette phrase a des accents de langue de bois, le bois de la forêt qui cache les longues journées de travail au rythme très intense, l’enchevêtrement des réunions, les nombreuses sollicitations. J’ai travaillé à l’école jusqu’au 21 juillet pour reprendre dès le 21 août. Ce week-end encore j’ai travaillé l’équivalent d’une journée supplémentaire. Nulle gloriole, je témoigne de faits. Mais l’accumulation de tâches – j’en ferai un jour une liste à la Prévert – ne peut me faire oublier qu’au centre de la forêt se trouve une clairière, l’agora où interagissent les personnes impliquées dans l’accueil des enfants. Enseignantes, psychologue, personnels d’entretien et de restauration, concierge, membres des équipes Alae, Atsem, Aesh (que d’acronymes pour désigner des individus en chair et en os !)
En relisant le début de l’article, un mot me vient à l’esprit : care. C’est un mot anglais qui ne peut être traduit littéralement en français. Dans un article trouvé sur Cairn info « Le care : un concept professionnel aux limites humaines ? » d’Elisabeth Noël-Hureaux (1995), je relève que « la traduction la plus répandue du terme care est « soin, sollicitude, prendre soin c’est-à-dire souci de l’autre au sens large, s’occuper de, proximité, se sentir concerné. » » je retiens une déclinaison de ce concept. « Pour Joan Tronto (1993) il y a quatre moments dans le care auxquels correspondent quatre qualités morales spécifiques : « l’attention (correspond au caring about), la responsabilité (correspond au taking care of), la compétence (correspond au care giving), la réceptivité (correspond au care receiver.) » (11), ce qui fait que le care ne se réduit pas à la morale et que la morale s’expérimente dans une pratique.«
Cet article, publié dans la revue « Recherche en soins infirmiers », m’aide à élaborer une éthique enseignante pour aborder l’année scolaire qui commence. A quoi sert de traiter cinquante mails et appels téléphoniques par jour, de valider des commandes de matériel pédagogique, de compléter des tableaux pour différents services, de vérifier onze vaccinations obligatoires sur des photocopies de carnets de santé, si ce n’est avec la conscience que ce que je fais participe du souci de l’autre, qu’il soit enfant ou adulte, parent ou éducateur.
Une autre idée s’impose en écrivant. Ce n’est pas ça qu’on me demande. Je dois contribuer à mettre en œuvre la politique éducative fixée par la loi et nos dirigeants. Il me faut être efficace dans la transmission d’informations, réserver les bus en temps et en heure, organiser plannings et réunions. Un fonctionnaire doit fonctionner. Et qu’ça saute ! Le rôle du directeur est de maintenir le cadre, de rappeler la loi, de mettre de l’huile dans les rouages. Mais dans une école nulle machine sinon les outils qui nous aident dans nos tâches humaines. Pour bien employer l’huile de coude nécessaire à la réussite d’une journée d’école, il ne faut pas que de l’énergie et quinze bras à la fois, il faut également se sentir soutenu. Les actes que l’on pose doivent avoir du sens.
Cet article est le dernier de la série que j’aurai écrite avant la rentrée. Que restera-il de ces réflexions demain 4 septembre au soir, dans une semaine, dans un an ? Rendez-vous au prochain article pour le savoir.