PAI

 Présentation du protocole
Le Protocole d’Accueil Personnalisé est une disposition prévue pour « permettre aux enfants et adolescents dont l’état de santé rend nécessaire l’administration de traitements médicaux particuliers de poursuivre une scolarité dans des conditions aussi ordinaires que possible. »  Sans PAI un enfant ne peut prendre aucun médicament à l’école. Le PAI cadre également l’alimentation de l’enfant lorsqu’il a des allergies alimentaires. Enfin, chaque PAI prévoit un protocole d’urgence : « des fiches permettent de savoir quelle est la conduite à tenir en cas d’urgence en fonction du type de pathologie associé. » Pour des raisons de secret médical, le PAI « est rédigé en concertation avec le médecin de l’Éducation nationale. » (Source Eduscol)

Rédaction et validation
La phrase précédente est écrite à la voix passive. Qui rédige le PAI ? « Il est rédigé en concertation avec le médecin de l’Éducation nationale qui veille au respect du secret médical. » Les « deux premières parties sont remplies par le directeur d’école et le médecin qui élabore le PAI et doivent être complétées par une partie 3. » Aujourd’hui, sur mon département, plusieurs postes de médecin scolaire ne sont pas pourvus. Leur service est organisé pour que toutes les écoles aient un interlocuteur, que ce soit pour les urgences ou toute autre question de santé scolaire. Pour ce qui est de la validation des PAI, certains médecins venaient sur les écoles en début d’année jusqu’à une période récente. Elles recevaient les familles et informaient les équipes enseignantes sur les protocoles d’administration des traitements. La validation des dossiers se fait désormais à distance, les documents étant échangés par mail.

Rôle du directeur d’école
Dans les faits, quel est le rôle du directeur d’école ? Chaque année, il sollicite (et relance) les familles pour le renouvellement du PAI, puis échange par mail avec le médecin scolaire en cas de modification. L’ordonnance doit avoir moins d’un an, et il faut vérifier la date de péremption des médicaments qui sont dans la trousse d’urgence. Le lien doit être fait avec les services de la mairie : restauration scolaire pour les allergies, service périscolaire pour tous les PAI. Les enseignantes doivent être informées pour chaque PAI des élèves de sa classe. Sur le temps scolaire et lors des sorties, elles doivent avoir accès à la trousse d’urgence et être capable de suivre les protocoles et d’administrer les médicaments prescrits.

Temps de travail
Au 25 août, une vingtaine d’enfants inscrits à l’école bénéficient d’un PAI. il m’aura fallu l’équivalent de deux journées de travail pour prendre connaissance des informations importantes relatives à chaque PAI, vérifier les trousses d’urgence, envoyer aux familles les demandes de renouvellement des PAI, faire la liaison avec le service de santé scolaire et avec la responsable du service périscolaire. J’ai pris une partie de ce temps-là sur mes vacances scolaires, en amont de la rentrée, pour que le processus de renouvellement des PAI soit lancé lorsque les élèves retrouveront le chemin de l’école. Ceci étant, ce travail sera fait une bonne fois pour toutes, et je serai probablement plus efficace à la prochaine rentrée.

Question de la responsabilité
Administrer un médicament n’est pas un geste anodin. S’il est plutôt aisé de donner un comprimé à un enfant, ça l’est moins de lui administrer du sulfate de Salbutamol avec une chambre d’inhalation, de faire une injection d’insuline ou d’adrénaline. Intradermique ? Intramusculaire ? Je connais ces termes mais ne sais à quel geste ils correspondent. Dans les dossiers de PAI, une page présente un pas à pas en photo pour appliquer ce genre de traitement. Est-ce que cela suffit ? Un autre document présente les symptômes, la conduite à tenir en cas de persistance, jusqu’à l’appel au Samu. C’est à l’adulte mettant le PAI en œuvre d’apprécier tout cela et de prendre la responsabilité d’agir. Que se passe-t-il si j’ai mal lu une date de validité ? Si un adulte ne mesure pas la gravité d’une crise ? En cas d’accident, comment un juge appréciera-t-il les initiatives et les actes de la personne qui a pris l’enfant en charge ? La responsabilité de l’enseignante – et la mienne – sont-elles  engagées en cas d’erreur ? Y a-t-il une jurisprudence dans le domaine ?

Quelle formation pour quelle compétence ?
Ce travail-là relève-t-il de mes compétences ? Oui, de fait, parce que l’administration me demande de le faire. Et c’est dans l’intérêt de l’enfant, alors je le fais. Est-ce que cela suffit ? Les personnels de l’éducation nationale ne devraient-ils pas être formés à ces gestes dans le cadre de la formation obligatoire ? Actuellement, sur mon département, la formation aux gestes de 1er secours n’est ni financée, ni programmée sur les 18h de formation continue. A défaut de formation, d’une éventuelle habilitation, ne serait-ce pas le travail d’une infirmière d’administrer un médicament ? Lorsqu’elle est présente sur son établissement du second degré, j’imagine que, dans le cadre d’un PAI, cette tâche incombe à l’infirmière scolaire. Une enseignante, un directeur dans une école primaire ont-ils cette mission par défaut, faute de moyens ? Ils la prennent en charge parce qu’ils sont pétris de bonne volonté, mus – ou tenus – par la nécessité de « fonctionner » coûte que coûte.

Ce dossier soulève de nombreux questionnements. La mise en place et la mise en œuvre d’un PAI à l’école n’est qu’un aspect de la prise en charge de la santé de l’enfant par les enseignants et autres éducateurs. Outre le parcours éducatif de santé, l’éducation nationale doit vérifier les vaccins obligatoires, collecter des informations pour préparer la visite médicale en GS ou en CP. Sans compter ce que les enseignantes et directrices ont du faire pendant la période de crise sanitaire.

Pour aller plus loin
L’autonome de solidarité laïque est un site de référence sur les questions relatives à l’exercice du métier des enseignants. Deux dossiers permettent d’approfondir le questionnement.
– dossier « PAI : élaboration du contenu et mise en œuvre dans l’établissement scolaire« 
– dossier « La responsabilité pénale des personnels d’éducation«